Rien ne sert de courir
Dimanche 5 octobre 2025
Paname, la ville sans champignon
Camarades,
Comment allez-vous ? Bien, j’espère.
Les vacances sont passées par là, la rentrée a enfoncé le clou, et je ne vous ai pas écrit depuis bien trop longtemps — de mon point de vue, en tout cas.
Je me rattrape aujourd’hui avec une Lettre d’un jeune boomer, qui adopte un nouveau format que je vais qualifier d’« enrichi », avec l’apparition de deux nouvelles rubriques : « Hail to the Dude! » et « Comme la confiture ».
Pour ma chronique OK Boomer, j’ai exhumé un texte que j’avais commis pour un épisode du podcast Partage d’écrans il y a quelques mois. C’est une manière pour moi de me célébrer : j’ai enfin terminé Last Of Us, le jeu vidéo, après plus d’un an de combats acharnés !
Pas de chronique illustrée par mon cher Gilles Rapaport aujourd’hui — ce sera pour la prochaine fois !
J’espère que cela vous plaira.
Adesias,
Monsieur Châtellier
Chronique OK Boomer
Combien de temps ça dure un jeu vidéo qu’on a acheté 80 euros ? C’est une question centrale à laquelle je n’apporte pas une réponse définitive. Pour citer Fernand Reynaud « ça dépend ».
Quand j’ai eu l’idée saugrenue de traiter le sujet de la « durabilité d’un jeu vidéo » (ne me demandez pas pourquoi, j’ai parfois des inspirations étranges), je m’attendais à lire des études, à fouiller les sites des grands studios, à éplucher la presse spécialisée… et bien sûr à interroger mon fidèle assistant GPT, que j’appelle Arturito.
Bref, je m’imaginais parler de taux de rotation, de churn, voire prononcer le mot « rentabilité » deux ou trois fois.
Puis j’ai ouvert YouTube pour une première recherche.
Breath of the Wild speedrun sur Youtube
Quatre heures plus tard, je ressortais de ce terrier numérique aussi secoué qu’Alice au Pays des Merveilles. (Une image image mentale que je vous donne : moi, en cosplay d’Alice. Voilà. Passons.)
Là où je pensais analyser une œuvre artistique et, surtout, un produit nécessitant du temps, du savoir-faire, de la technologie et beaucoup de passion, je suis tombé sur un autre univers : celui des speedrunners.
Un speedrunner, c’est ce joueur (souvent jeune, mais pas toujours, et dans tous les cas bravo à eux) qui a décidé de terminer un jeu vidéo le plus vite possible. Et quand je dis vite, je veux dire très vite : vingt-deux minutes pour boucler l’histoire principale de Zelda: Breath of the Wild, contre une cinquantaine d’heures pour un joueur normal.
L’exploit est tel qu’il relève presque du fantastique. Le secret ? Connaître et exploiter chaque glitch — ces petits bugs qui ouvrent des raccourcis insoupçonnés.
De mon côté, je dois avouer que je ne fais pas partie de cette espèce. Je suis un slowrunner assumé. Il me faut en moyenne deux ans pour terminer un jeu, mais au moins, j’en profite jusqu’au dernier pixel.
Certains diront que si tout le monde jouait à mon rythme, il n’y aurait plus de sorties, plus de studios, plus de programmeurs. J’ai compris, merci. Apparemment, je suis une menace pour toute l’industrie vidéoludique.
Et pour preuve : cela fait trois mois que j’essaie simplement d’aider Joël à se débarrasser du tout premier clicker dans The Last of Us.
Hail to the Dude!
S’il est un Dude à célébrer en cette rentrée, c’est bien lui : Seth Rogen, Sa Majesté des Dudes de cette fin 2025.
Le Dude de la semaine est… Seth Rogen
Entre son compte Instagram qui vous enfume d’herbe qui fait rire à longueur de posts, ses créations de cendriers en poterie destinés à cette même herbe, et bien sûr The Studio, récompensée comme il se doit aux Emmys il y a quelques semaines, sans oublier Platonic saison 2 — où il navigue dans un brouillard joyeux, piloté par une Rose Byrne parfaite en Monica de Friends croisée avec Susan de Desperate Housewives — il démontre que le cool, c’est… cool.
Les deux séries sont disponibles sur Apple TV+.
Hâtez-vous.
Le Dude persiste et signe
Dudéisme : Mouvement philosophico-religieux (et inversement) fondé après la révélation apportée au monde par The Big Lebowski, l’œuvre filmique des frères Coen — grâce leur soit rendue.
Le tao, le zen, Épicure, ainsi que les règles du mölkky ou du bowling selon les pays, ont influencé ce guide vers un chemin qui ne mènera personne à la destination attendue.
Le Dude, incarné par M. Jeff Bridges dans Le Film, est ce Guide dont le principal mantra demeure : « Faut s’la couler douce, mec. »
Comme la confiture
J’ai eu la chance, grâce à Celle que j’accompagne — une femme de goût — d’assister il y a peu à une lecture musicale de Blandine Rinkel pour présenter son livre La faille.
Blandine Rinkel en lecture aux Vinzelles
Mlle Rinkel est une multi-artiste polydouée (oui, je sais, ça n’existe pas, n’ouvrez pas le dictionnaire) : écrivaine, chanteuse, autrice, cinéphile… n’en jetez plus, on a compris.
Dans La faille, elle se raconte à travers son rapport à la famille — un mot qu’elle n’arrive pas à écrire correctement : elle oublie toujours le “m”. Personne n’est parfait.
Accompagnée de son camarade Pierre, du groupe Catastrophe, elle s’est livrée lors d’un moment de grâce et de vérité qui, je dois l’avouer, m’a humidifié les yeux à plusieurs reprises. Il était beau cet éloge de la solitude. Je suis reparti avec le livre sous le bras, impatient de m’y plonger.
Ça se passait aux Vinzelles, près de Volvic — là-bas, dans les Terres du Milieu. Un endroit que je vous recommande si vous aimez la culture, les livres, manger sainement et respirer un peu. C’est joliment tenu, et la programmation des évènements y est de haute qualité (rencontre M. Bertrand Belin la semaine dernière par exemple).
Merci pour votre temps et votre bienveillante lecture
Les lettres d’un jeune boomer reviennent très bientôt dans votre boite mail !
Adesias, Camarade. D’ici là je te souhaite le meilleur.